François MICHEL


Oxygène, attention.

L'oxygène peut être dangereux pour l'utilisateur.

 


La manipulation des détendeurs de bouteilles d'oxygène exige des précautions .

 

Chaque année, des accidents surviennent à l'Hopital, chez les Sapeurs Pompiers, chez les ambulanciers ou au domicile de malades utilisateurs.

 

L'accident est constitué par un "coup de feu" qui peut aller jusqu'à entrainer la projection tous azimuths d'un jet de métal en fusion.

 

Principes théoriques de l'accident.

 

1. L'oxygène est un gaz comburant, capble de permettre la combustion de quasiment tous les matériaux. La concentration d'oxygène ambiant est un facteur d'inflammation puissant.

2.Tout matériau, à partir d'une certaine température s'enflamme spontanément (si, bien sur la concentration en O2 ambiante est suffisante).

3. .Plus on comprime rapidement un gaz, plus la température s'élève. Le phénomène est connu avec les pompes à vélo ou lors du gonflage des bouteilles de plongée.Ce phénomène est appelé " compression adiabatique ".

 

L'accident:

Près de la moitié des . enquêtes après accident aboutissent en général aux mêmes conclusion. Lors de l'ouverture de la bouteille, l'irruption et la compression brutales dans la chambre haute pression du détendeur entrainent un échauffement suivi de l'inflammation spontanée de la moindre pollution.

L'oxygène comprimé à 200 bars (pression habituelle dans les bouteilles), s'engouffre dans la chambre haute pression ou la pression est de 1 bar. La température s'élève alors facilement à 600°C , voire plus. Toute pollution organique s'enflammera alors d'autant plus facilement que la concentration en 02 est très élevée, déclenchant le processus du "coup de feu".

 

3 pollutions principales:

-la poussière: avant de monter un détendeur, il est nécessaire de purger le robinet de conservation par une ouverture brève.

-la graisse: toute introduction même très minime de graisse, qu'elle soit volontaire (lubrification) ou accidentelle (main sale, transpiration) est strictement interdite.

-un joint: celui ci est en silicone résistant à la chaleur et répond à des normes très précises. Il est l'affaire d'un réparateur agréé.

 

 

 

Le processus du "coup de feu".

 

Le détendeur est prévu pour résister aux montées en pression brusques. La norme d'agréement exige 20 montées en pression successives, sous 240 bars d'O2 et à température ambiante de 60 °C.

Cependant , la combustion d'un polluant volontaire (joint en caoutchouc, graissage) ou accidentel (main sale, transpiration), va entrainer l'inflammation du métal. La température peut atteindre 1100°C . Il se produit alors un phénomène d'oxycoupage: le métal de la chambre brûle, fond et se coupe. Sous l'effet de la pression, il se produit un jet de métal en fusion, avec dégagement tous azimuths de gaz brûlants.

Le phénomène peut entrainer des lésions d'autant plus sévères (notamment de la face) que le bruit avant l'explosion intrigue l'utilisateur et l'incite à se rapprocher.

 

Autres causes: la détérioration du filetage (par corrosion ou serrages intempestifs) , l'absence de maintenance périodique du détendeur, l'exposition aux projections diverses . Le risque est alors la transformation en projectile de tout ou partie de l'appareil.

 

REGLES DE SECURITE

-effectuer une purge rapide avant le montage du détendeur (agréé)

-ouvrir lentement le robinet de conservation et ne pas se mettre en face

- en fin d'utilisation, faire chuter la pression dans le circuit

-en cas de fuite, éviter les remises en pression successives

-ne jamais graisser ou lubrifier un détendeur

-avant de démonter le détendeur, faire chuter la pression dans le circuit

-ne jamais changer de joint soi-même

-faire procéder aux révisions périodiques selon les prescriptions du fabricant et par un atelier agrée par lui.

-au moindre doute, après fuite ou choc notamment, procéder au retrait du matériel et le faire contrôler.


Texte réglementaire: circulaire 94-327 du Ministère de la Santé (22 mars 1996)


01 03 1998
Photos: accident de travail survenu en novemvre 1998, dans un Corps de Sapeurs Pompiers d'Ille et Vilaine
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